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Retour16 avril 2025
Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca
Main-d’œuvre étrangère : l’industrie hôtelière inquiète pour l’été

©Photo Gracieuseté - Groupe Riotel
Le Riotel de Matane compte sur 10 % d'employés provenant de l'immigration.
À l’instar des hôtels de partout au Québec, les établissements hôteliers de la Gaspésie appréhendent la saison touristique en raison des complications liées à la main-d’œuvre immigrante.
Régularisation de statut, renouvellement de permis de travail, longs délais administratifs, voilà à quoi fait face l’industrie hôtelière à l’aube d’une saison estivale qui s’annonce fort achalandée. L’Alliance de l’industrie touristique révélait d’ailleurs récemment que 50 % des Québécois qui prévoyaient se rendre aux États-Unis ont annulé le voyage et opteront pour l’Europe, l’Asie ou l’Amérique du Sud dans une proportion de 50 %. L’autre moitié restera au Québec.
Cette statistique laisse entrevoir une forte affluence de touristes québécois en Gaspésie. La vice-présidente du Groupe Rioux, Lucie Dumas, s’attend à une très belle saison. « On voit déjà la tendance avec les réservations en ligne. Si ça se maintient, les mois de juillet et août seront très occupés. »
Mais qui dit fort achalandage touristique, dit aussi grands besoins de main-d’œuvre. C’est là où le bât blesse puisque 10 % des employés du Groupe Riotel, qui possède quatre établissements en Gaspésie, soit à Matane, Percé, Bonaventure et Carleton-sur-Mer, proviennent de l’immigration. « Nous avons toujours des enjeux de main-d’œuvre. Cette année, nous sommes inquiets car nous avons des employés qui font déjà partie de nos équipes car leur permis de travail arrive à échéance ou les délais de renouvellement sont trop longs. Ça signifie qu’ils pourraient devoir retourner dans leur pays le temps de régulariser leur statut. »
Le Riotel de Matane a vécu cette situation récemment alors qu’ils ont dû dire adieu à deux de leurs fidèles employés en raison des normes gouvernementales en place. « Ce qu’on demande, c’est de permettre aux employés qui sont déjà ici, qui s’intègrent dans la communauté et qui veulent rester de pouvoir le faire. En région, les équipes de travail sont réduites et on se sent comme une famille. C’est donc très difficile lorsqu’on perd des membres pour des histoires de lourdeurs administratives », ajoute Lucie Dumas.
En plus de deux employés qui ont quitté, il y en a 15 autres qui sont en attente d’une audience qui pourrait ne pas avoir lieu avant le début de la saison touristique. Conséquemment, si leurs dossiers ne sont pas réglés, ils deviendraient illégaux et ne pourraient plus rester ici. « On risque d’avoir toute la misère du monde à remplacer ces gens-là car ils occupent des postes qui sont déjà très difficiles à pourvoir, soit en entretien et en cuisine », précise la vice-présidente ventes et marketing du Groupe Rioux.
En moyenne, les problèmes liés aux dossiers d’immigration pourraient priver les hôtels de 3 à 10 employés pour l’été. Pour les établissements hôteliers en région, perdre un tel nombre d’employés mettrait une pression incroyable sur les travailleurs restants. On a déjà vu certains hôtels devoir fermer certaines chambres en raison du manque de personnel. On n’espère ne pas en arriver là cet été.
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Lucie Dumas rappelle l’époque pas si lointaine où il y avait un manque criant de préposés aux bénéficiaires. « On n’arrivait pas à combler ces postes avec des citoyens québécois alors que la main-d’œuvre issue de l’immigration voulait occuper ces emplois. Ils étaient heureux d’accepter ces postes dans les conditions qu’on offrait ici. »
Par ailleurs, lorsqu’un employeur décide de se tourner vers l’immigration, il y a des frais importants qui sont reliés à ces embauches. « Au Riotel, nous nous occupons de loger plusieurs de nos employés et nous ne sommes pas les seuls. On peut penser aux Fruits de mer de l’Est qui était en train de construire un édifice à logement avec que l’incendie ne fasse rage. »
La saison qui approche à grands pas risque donc d’être particulière avec toute l’incertitude qui plane sur le statut de plusieurs travailleurs étrangers. C’est en ce sens que l’association Hôtellerie du Québec implore le gouvernement de faciliter le maintien de travailleurs immigrants actuels et de revoir ses critères pour éviter que toute une industrie se retrouve fragilisée par un manque de main-d’œuvre à l’aube d’un été qui risque d’être très occupé.
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