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Retour04 mars 2025
Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca
Avalanche Québec : d’un petit bureau à une expertise nationale reconnue

©Photo Gracieuseté
Dominic Boucher, grand manitou d'Avalanche Québec.
Avalanche Québec célèbre ses 25 ans existence, ayant passé d’un simple bureau à la MRC de la Haute-Gaspésie à un organisme dont l’expertise est reconnue d’un océan à l’autre.
L’aventure a débuté en 1999 quand le directeur général de la Haute-Gaspésie de l’époque, Michel Thibault, décide de créer un poste au sein de la MRC pour étudier les risques d’avalanches et développer une expertise dans la région. Dominic Boucher, qui en était alors à la rédaction d’une maîtrise sur le sujet, a obtenu le poste au sein de cet organisme chapeauté par la MRC. Pendant près de sept ans, la MRC a chapeauté cette initiative.
La création du Centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie s’inscrivait parfaitement dans le décor puisque de plus en plus de touristes et d’amateurs de plein-air s’aventuraient dans les Chic-Chocs, avec les risques que ces aventures comportent. C’est toutefois un événement bien particulier qui a convaincu Michel Thibault d’aller de l’avant. « Le 1er janvier 1999, une avalanche emportait une école de Kangiqsualujjuaq au Nunavik près de la Baie d’Ungava, causant neuf décès et 25 blessés, se rappelle Dominic Boucher. À la suite de cet accident, nous avions fait venir des experts de l’Ouest canadien et même de la Norvège, ce qui révélait que nous n’avions pas vraiment de connaissances approfondies sur le plan local pour faire face à cette menace constante. »
Avec le désir de développer une expertise québécoise et devant le nombre grandissant d’avalanches provoquées par des gens qui pratiquaient des sports d’hiver en montagne, le Centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie a été créé. « On entendait de plus en plus d’histoires de gens qui se faisaient prendre par des avalanches et on retrouvait des skis qui avaient perdus pendant des incidents. On a même retrouvé un caribou dans un dépôt d’avalanche », se remémore le géographe de formation, Dominic Boucher.
Favoriser le développement des Chic-Chocs de façon sécuritaire
Le Centre d’avalanche a pris du gallon au fil des années avec l’embauche de deux autres personnes, soit Stéphane et Jean-Pierre Gagnon. Rapidement, le centre s’est développé avec la mise en place de différents services dont des bulletins d’avalanche afin que les aventuriers aient un portrait clair de ce qui les attend là-haut. Des stations météo ont d’ailleurs dû être installés en montagne à cet effet. L’idée était aussi de développer des outils et des ateliers de sensibilisation encourageant la pratique sécuritaire de sports hivernaux en montagne. Il y a également eu la publication, en 2011, le guide des itinéraires de ski de randonnée des Chic-Chocs qui s’est vendu à plus de 8 000 exemplaires. Il a été mis à jour trois fois en version papier jusqu’à ce qu’il migre vers une application mobile.
En 2006, l’organisme devient indépendant de la MRC doit maintenant commencer à chercher son propre financement auprès des instances gouvernementales. Malgré l’expertise développée au sein de l’organisation, qui profite non seulement à la Haute-Gaspésie, mais au Québec en entier, l’argent est difficile à obtenir, principalement parce que le centre d’avalanche ne cadre dans aucun programme spécifique. Dominic Boucher doit alors conclure des ententes ponctuelles qu’il doit renégocier une fois venues à échéance. « Le financement attaché à moyen terme remonte seulement à 2019 lorsque le gouvernement fédéral a alloué 25 millions de dollars pour la sécurité avalanche dans l’ensemble du pays. Quelques années plus tard, le gouvernement provincial a emboîté le pas par le biais de trois ministères », indique le directeur d’Avalanche Québec. Ce dernier ajoute qu’en Europe, ce sont les gouvernements qui sont en charge des bulletins d’avalanche. À titre d’exemple, en France, c’est le service météorologique du pays qui est en charge de cet aspect, tout comme en Autriche et en Suisse.
Pour la petite histoire, le financement par le gouvernement de Justin Trudeau n’est pas étranger au fait que le jeune frère du premier ministre sortant ait perdu la vie à l’âge de 23 ans dans une avalanche alors qu’il skiait dans un parc provincial de la Colombie-Britannique. Justin Trudeau avait alors mentionné que la sécurité en montagne était une responsabilité individuelle, mais que le gouvernement avait un rôle à jouer pour le volet éducation et sensibilisation.
Avalanche Québec et Avalanche Canada
Les deux organismes ont rapidement été appelés à travailler ensemble étroitement. « On contribue à traduire des produits d’Avalanche Canada en français et nous allons aussi intervenir dans les médias en leur nom, notamment lorsqu’il y a des risques d’avalanche dans l’Ouest. Nous accordons alors des entrevues en français, par exemple à Radio-Canada Vancouver ou Calgary », précise Dominic Boucher.
Il y a cinq ans, pour souligner les 20 ans d'implication de Dominic Boucher au sein de l'organisme, il a reçu le prix Gordon-Ritchie remis par Avalanche Canada. Il s'agit d'une reconnaissance nationale qui reconnait l'engagement exceptionnel à la sécurité publique en avalanche.
Aujourd’hui, 25 ans plus tard, Dominic Boucher. A toujours l’énergie pour relever les défis qui se présentent devant lui. « On peut penser à l’enjeu des changements climatiques qui change la donne en termes de risque d’avalanche. Je pense aussi à l’accès au territoire et au fait que les gens s’aventurent encore plus haut dans les montagnes. Tout ça fait en sorte qu’on a encore beaucoup de travail à faire et je me sens encore motivé à relever ces défis. »
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