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Retour11 décembre 2024
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Des billets d'avion de 50% à 85% de rabais
PROGRAMME PAAR
©Photo Jean-Philippe Thibault - Chaleurs Nouvelles
Les rabais varieront quant à eux de 50% à 85%, selon les destinations. L’aide financière sera par exemple de 50% à Gaspé, Bonaventure et Mont-Joli.
Les modalités du Programme d'accès aérien aux régions (PAAR) – connu pour ses fameux billets allers-retours à 500$ - ont été modifiées pour augmenter son admissibilité. L’annonce a été faite mardi à Gaspé par la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.
À priori, tous les vols régionaux seront éligibles, même ceux qui ne transitent pas par les aéroports de Montréal, Saint-Hubert et Québec. Cette contrainte dans la première mouture du programme PAAR avait été maintes fois critiquée.
Les deux différents volets ont de leur côté été fondus en un seul. Le premier donnait droit à un remboursement de 30% à 60% du coût total du billet pour les résidents de certaines régions éloignées désignées, comme la Gaspésie. Le deuxième volet était les billets à 500$. Dorénavant, les réductions seront appliquées directement à la source lors de l’achat, selon une grille tarifaire. Les demandes de remboursement prenant des semaines seront chose du passé. Les rabais varieront quant à eux de 50% à 85%, selon les destinations. L’aide financière sera par exemple de 50% à Gaspé, Bonaventure et Mont-Joli, de 60% aux Îles-de-la-Madeleine et Fermont, de 75% à Port-Menier et Havre-Saint-Pierre et de 85% à Natashquan. Les organismes à but non lucratif pourront aussi profiter de ces nouvelles modalités, tout comme les élèves qui feront des sorties scolaires, parascolaires, sportives ou culturelles.
« Je pense qu’on a réglé la grande majorité des irritants ou des choses perfectibles », explique Geneviève Guilbault. Celle-ci s’est dite satisfaite de la première mouture et a rappelé que la popularité du programme a engendré une hausse de 28% des billets vendus d’avril à octobre 2024. Ce sont par ailleurs au total 115 071 billets qui ont été vendus depuis juin 2022, ce qui représente des rabais de 71,4 millions de dollars accordés aux clients.
« Ce sont des régions qui ont été visitées par plusieurs Québécois, qui autrement n’auraient peut-être pas voyagé, n’eût été l’accessibilité du programme. Ç’a été un succès, mais ça nous prenait une sorte de version 2.0 […] On vient résolument répondre aux besoins des gens des régions qui ont besoin de se déplacer. »
Encore perfectible
Une demande de la Fédération des chambres de commerce du Québec visant à élargir le programme aux entreprises n’a pas été retenue. « Je ne pense pas que c’est le rôle du gouvernement de financer des personnes qui vont travailler pour des entreprises, qui elles ont souvent les moyens d’organiser du transport. On ne peut pas payer tous les billets du Québec toute l’année. Il faut tracer la ligne quelque part », la vice-première ministre Geneviève Guilbault.
La Chambre de commerce de La Côte-de-Gaspé salue d’emblée les mesures annoncées mardi à l’aéroport Michel-Pouliot, mais aurait aimé des assouplissements pour les plus petits joueurs, alors que 71% des entreprises de la MRC comptaient moins de 10 employés en 2024.
« C’est sûr qu’on a une déception et qu’on reste sur notre faim concernant les entreprises. Ceci dit, on comprend que c’est impossible de financer celles qui font du fly in fly out [travail par navette]; que ça pourrait épuiser toutes les ressources. Mais on a des membres avec des nuances et des réalités différentes, qui ont besoin d’aller à l’extérieur pour de la formation, du développement des affaires. Il y a encore de la place à la créativité. On va poursuivre nos représentations pour un réel plan de match en transport aérien régional; on ne lâchera pas le morceau. »
©Jean-Philippe Thibault - Chaleurs Nouvelles
Le député de René-Lévesque et président du comité permanent sur le transport aérien régional, Yves Montigny, accompagné des députés Stéphane Sainte-Croix (Gaspé), Geneviève Guilbault (Louis-Hébert, également ministre des Transports) et Catherine Blouin (Bonaventure).
L’Union des municipalités du Québec (UMQ) et la Fédération québécoise des municipalités (FQM) ont toutes deux accueilli positivement la nouvelle, soulignant les avancées réalisées. « Cette annonce vient corriger plusieurs lacunes de l’ancien Programme, notamment à l’égard de l’accès aux tarifs réduits pour les vols à l’intérieur d’une région ou entre les régions, sans avoir à passer par Montréal ou Québec », note Bruno Paradis, maire de Price et préfet de la MRC de La Mitis.
« Dans l’état actuel des choses, on salue ce que le gouvernement du Québec est en train de faire [et] qui répond à une grande partie des attentes, lance le maire de Gaspé et président ex officio de l’UMQ, Daniel Côté. Je pourrais être critique, mais l’effort est fait. On va laisser le programme prendre son envol parce qu’on doit le dire : ce n’est pas facile un programme provincial dans un champ de compétence fédérale. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de noter le mutisme d’Ottawa dans ce dossier. »
Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, a de son côté fait plusieurs calculs depuis l’annonce des modalités du programme et demeure très perplexe. Il note que les nouvelles modalités d’application du PAAR – plus précisément le pourcentage de rabais de 50% à 85% – sont appliquées avant les frais aéroportuaires, les droits de sûreté et les taxes de vente, et non pas sur le prix total. Ses démarches l’amènent à la conclusion que les prix augmenteront pour de nombreux citoyens, dont ceux de sa circonscription.
« Ça vient changer complètement la donne, estime l’élu du Parti québécois. Sur un billet de 1200$, on paye quelque chose comme 250$ de ces frais. Ce sera donc le forfait de base, et le pourcentage de rabais sera appliqué sur la balance. On n’aura pas le même coût final. Plus je fais des calculs, plus c’est la catastrophe. Les augmentations vont être de 25% à 50% pour les Madelinots. C’est le fiasco total. »
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