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05 décembre 2024

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Les jeunes Gaspésiens ont une santé mentale précaire

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Ado dépressif

©Photo DepositPhotos.com

L'enquête démontre que le nombre de jeunes ayant eu un diagnostic de dépression ou d’anxiété est passé de 12 % à 29 %, se situant au-dessus de la moyenne québécoise (23%).

La plus récente enquête sur la santé des jeunes du secondaire réalisée par l’Institut de la statistique du Québec révèle une détérioration marquée de la santé mentale des jeunes Gaspésiens.

Cette nouvelle enquête effectuée sur l’ensemble du territoire québécois dépeint un portrait assez sombre de la santé mentale des jeunes Gaspésiens alors que les problèmes liés à l’anxiété, la piètre estime de soi et la dépression sont nettement plus importants qu’il y a 12 ans.

On dénote que le nombre de jeunes ayant eu un diagnostic de dépression ou d’anxiété est passé de 12 % à 29 %, se situant au-dessus de la moyenne québécoise (23 %). Les troubles de déficit de l’attention sont aussi en forte hausse alors que 34 % des jeunes en sont atteints en 2022 contre 15 % en 2010 (25 % à l'échelle québécoise). Même constat sur le plan de l’estime personnelle. La proportion d’élèves se situant à un niveau faible a presque doublé, passant de 18 % à 34 % comparativement à 2010, mais demeure inférieure à celle du Québec (37 %). Les diagnostics de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ont plus que doublé, passant de 15 % à 34 % entre 2010 et 2022; une proportion que demeure plus élevée qu’au Québec (25 %).

Pour la directrice régionale par intérim de la santé publique de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, la docteure Christine Dufour-Turbis, ce constat reflète les échos entendus sur le terrain. « Je ne peux pas dire que j’étais surprise des résultats même si j’en avais espéré d’autres. Il va y avoir du travail à faire, c’est clair. Il y a quelque chose dans les facteurs sociaux qui causent de la détresse. Il faudra voir les hypothèses qu’on peut émettre sur les causes de cette détresse afin de déterminer comment on peut agir concrètement. »

La situation des jeunes à l’école a aussi évolué de manière négative alors que 32 % de ces derniers affirment avoir été victimes de violence en 2022, soit une augmentation de 5 points de pourcentage comparativement à l’année scolaire 2016. Le sentiment d’appartenance à l’école a, pour sa part, chuté de 12 points pour s’établir à 54 %. Le seul petit point positif se situe sur le plan du risque de décrochage qui touche 22 % des jeunes, soit une baisse de 4 points. Toutefois, l’indice demeure plus élevé que la moyenne québécoise (18%).

Quoi faire, docteure?

 

La directrice de la Santé publique croit que les adultes qui accompagnent les jeunes d’aujourd’hui doivent d’abord comprendre les réalités de la génération actuelle. « On a un diagnostic de la santé de nos jeunes et c’est à nous de trouver des façons d’agir pour les outiller correctement. On doit bien saisir les enjeux émergents, notamment avec les réseaux sociaux et évaluer ce qui fonctionne pour rejoindre nos jeunes. »

Depuis la pandémie, la Santé publique déploie des actions pour tenter d’améliorer la situation des jeunes. On mentionne notamment l’approche « L’école en santé » qui se traduit par des efforts pour que les jeunes ne se sentent pas exclus et qu’ils sentent que les adultes qui les côtoient sont bienveillants et motivants. « Il y a des programmes qui sont déployés pour faire la promotion de la santé positive et la prévention de l’anxiété. On souhaite ainsi mieux cibler les facteurs qui causent la détresse chez les jeunes », précise Christine Dufour-Turbis

La Santé publique croit qu’il est possible de faire une différence positive dans la vie des jeunes en implantant des mesures et des façons de faire qui sont saines et qui deviennent une normalité, notamment sur le plan de l’alimentation et de l’inclusion. « Quant à l’accès à de l’aide personnalisée, les jeunes peuvent aussi faire appel à des ressources qui peuvent les conseiller comme les infirmières dans les écoles. »

En conclusion, la docteure Dufour-Turbis souhaite que l’état de santé des jeunes Gaspésiens s’améliore, mais il va sans dire que cet objectif ne sera atteignable que si l’ensemble de la communauté adopte des attitudes positives et bienveillantes. « On travaille fort sur la prévention parce que visiblement, les jeunes vivent des défis importants et on se doit de les comprendre et de les soutenir. »

À noter que toutes les données sont tirées de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2022-2023, réalisée par l’Institut de la statistique du Québec. En Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, un total de 2976 élèves du secondaire de la région répartis sur tout le territoire ont répondu au questionnaire.

Christine Dufour-Turbis

©CISSS de la Gaspésie

La directrice régionale par intérim de la santé publique en Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, la docteure Christine Dufour-Turbis.

Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine Moyenne au Québec
La proportion de jeunes qui …  
       2010      2016      2022 Écart  
… consomment au moins 5 fruits et légumes par jour       27% 21% (- 22%) 25%
… fument actuellement la cigarette       6% 2% (- 67%) 0,9%
… ont utilisé la cigarette électronique dans les 30 derniers jours       13% 27% + 108% 16%
… ont consommé de l'alcool dans les 12 derniers mois     69%   64,5% (- 6,5%) 47%
… ont consommé du cannabis dans les 12 derniers mois     29%   21% (- 27,5%) 16%
… ont reçu au moins un diagnostic d’anxiété, de dépression ou d’un     trouble de l’alimentation     12%   29% + 142% 23%
… ont reçu reçu un diagnostic médical de trouble du déficit de      l’attention avec ou sans hyperactivité     15%   34% +127% 25%
… se situent à un niveau faible à l’échelle d’estime de soi     18%   34% +89% 37%
… ont passé  4 heures et plus par jour devant un écran pour les      communications et les loisirs         28%   25%
… ont utilisé le condom lors de leur dernière relation sexuelle     64%   53% (- 17%) 61%
… se situent à un niveau élevé de risque de décrochage scolaire     26%   22% (-15%) 18%
… disent avoir été victime de violence à l’école ou sur son chemin       27% 32% +18,5% 39%
… ont un sentiment d’appartenance élevé à leur école       66% 54% (-18%) 43%

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