Actualités
Retour05 septembre 2024
Salle de rédaction - redaction@medialo.ca
Face à la perte du centre Le Griffon, la Gaspésie se mobilise
©Jean-Philippe Thibault - Chaleurs Nouvelles
Le centre culturel de Gaspé a été ravagé par un incendie dimanche. Le choc passé, on se relève les manches.
La Gaspésie a perdu un gros morceau de son paysage culturel. Le centre culturel Le Griffon, à Gaspé, a été emporté par les flammes dimanche. Le feu a démoli l’immeuble patrimonial et provoqué une immense commotion dans toute la région. Trois jours après la catastrophe, l’espoir renaît doucement des cendres.
Claude Côté en a quasiment perdu la voix. L’artiste peintre originaire de l’endroit avait déménagé l’ensemble de son atelier dans le centre culturel au printemps dernier ; il a tout perdu dans l’incendie. « Je n’ai plus rien, pas même un pinceau », arrive-t-il à souffler quelques jours après la tragédie. « J’avais le summum de l’atelier. De l’espace pour travailler, pour mes encadrements, pour recevoir la clientèle aussi. Ça change rapidement de point de vue. »
Plus de 30 ans de carrière d’artiste se sont envolés en fumée la fin de semaine dernière. Presque pire, c’est 25 ans de travail de la communauté de L’Anse-au-Griffon, en périphérie de Gaspé, qui a disparu d’un coup. Un brasier s’est déclenché durant la nuit de samedi à dimanche pour une raison qui demeure inconnue, emportant le bâtiment construit dans les années 1940 et rénové au tournant des années 2000.
« Une poignée d’amis » avait sauvé de la démolition en 1999 cet ancien hangar réfrigéré utilisé par les pêcheurs, se rappelle M. Côté. « Ce qui nous a aidés au départ, c’est que les gens étaient derrière nous. La Ville avait été impliquée. »
Une fois stabilisé avec une charpente en métal, le bâtiment en forme de croix a été rénové pour accueillir progressivement un café, une galerie d’art, une salle de spectacle, une salle de réception, un lieu de départ pour des pistes de ski de fond… Ironiquement, cette armature de métal est aujourd’hui tout ce qui reste du bâtiment de bois.
L’armature de métal est aujourd’hui tout ce qui reste du bâtiment de bois après l'incendie au Centre culturel Le Griffon.
Sauver l’âme des lieux
©Jean-Philippe Thibault
Quelques artefacts ont pu être sauvés des flammes. Deux portes isolées en liège et de gros compresseurs à l’ammoniac hérités du passé d’entrepôt frigorifique de l’endroit ont pu être conservés. Idem pour l’affiche « Le Griffon » installée sur la devanture.
Une fois le choc encaissé, Stéphane Morissette, vice-président du conseil d’administration du centre culturel, commence à entrevoir une reconstruction. Il est encore trop tôt pour envisager la forme que cela prendra. « C’est sûr qu’on va faire quelque chose. C’est certain. C’était tellement important dans le village », affirme le gestionnaire bénévole.
Le fond, lui, demeurera le même : la mission de pilier communautaire du Griffon survivra à l’incendie. « Ça fait 2-3 jours que j’essaie de résumer c’était quoi, le centre culturel. On avait par exemple une exposition de l’Association des personnes handicapées. Ces gens-là n’ont pas de place pour exposer ces projets-là ! Chez nous, on les exposait gratuitement », illustre-t-il. « On est un exemple de prise en main citoyenne d’un lieu en train de tomber. On est un exemple de collaboration avec plein de partenaires dans le village. »
Le bâtiment était assuré, mais pas forcément « à la hauteur de ce que c’était », dit-il. « Et puis, c’est un bâtiment patrimonial qu’on vient de perdre. On ne pourra pas le ressusciter. Ça ne se reconstruit pas tel quel. »
Le soutien des élus envers la communauté du Griffon est unanime, tout comme celui du milieu artistique et des habitants du coin. Symbole de cette solidarité, près de 40 000 $ ont été amassé en quelques jours grâce au sociofinancement pour aider Claude Côté à remettre sur pied son chevalet. « Je ne peux pas baisser les bras après ça », confie-t-il au Devoir.
L’équipe du Griffon a d’ailleurs tenu à remercier dans une publication en ligne tous ceux qui ont démontré de l’aide ou de la sympathie au courant des derniers jours. « Merci de nous avoir montré, encore, le rôle essentiel du Centre culturel au coeur de L’Anse-au-Griffon et de la Gaspésie. Vous êtes la fondation sur laquelle nous allons reconstruire. »
- Jean-Louis Bordeleau, Initiative de journalisme local. Article paru dans Le Devoir. Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
Commentaires