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Retour13 juin 2023
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Moins de signalements traités et retenus à la DPJ
GASPÉ
©Photo archives
Après avoir traité 2068 signalements l’année précédente, l’organisation en a cette fois reçu 1972.
L’heure était au bilan pour la DPJ de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine qui a présenté cet avant-midi le compte-rendu de sa dernière année.
Après avoir traité 2068 signalements l’année précédente, l’organisation en a cette fois reçu 1972. « C’est une petite diminution de près de 5% sur l’an dernier [...] C’est une bonne et une mauvaise nouvelle parce que les gens ont confiance aux DPJ et signalent lorsqu’ils sont inquiets avec une population qui se permet de nous appeler, mais la maltraitance est encore présente », explique d’emblée la directrice de la protection de la jeunesse, Michelle Frenette. Les signalements retenus – qui nécessitent le déplacement d’un intervenant dans la famille – sont eux aussi légèrement en baisse, passant de 692 à 679 en un an.
Plus du tiers des interventions (35,1%) concernent des enfants de 0 à 5 ans, mais ce sont les 6 à 12 ans qui sont les plus touchés (43,3%). Encore une fois, les problématiques de négligence (172) et de mauvais traitements psychologiques (171) ont davantage retenu l’attention. « Dans notre région, comparativement au restant du Québec, les mauvais traitements psychologiques prennent une grande place dans le nombre de signalements », analyse Michelle Frenette. Les mauvais traitements psychologiques englobent les conflits graves de séparation, les conflits de couple ainsi que la violence familiale et conjugale.
Les abus sexuels (31) et les risques sérieux d’abus sexuels (24) arrivent de leur côté au sixième et septième rang des problématiques rencontrées.
Plus d’un signalement traité sur deux provient par ailleurs soit d’employés de différents organismes (35%) employés par la DPJ, soit du milieu scolaire (23,9%). Enfin, le nombre d’enfants pris en charge par la DPJ (761) est en hausse de 9% comparativement à l’an dernier alors que le nombre d’adolescents ayant reçu des services de la loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA) est de 118, des chiffres similaires à l’an dernier.
« C’est le service où on tente de déjudiciariser un jeune, de lui offrir des services pour mieux le réadapter de certains comportements problématiques, de le réinsérer socialement tout en s’occupant de la victime. Près de 100% de nos jeunes accomplissent leurs mesures de sanction extrajudiciaire, ce qui est excellent et qui veut dire qu’on a une belle collaboration de nos jeunes », précise la directrice de la protection de la jeunesse.
Au-delà des chiffres
Afin de donner un visage humain aux chiffres et rappeler que derrière chaque statistique se trouve un jeune qui vit de nombreuses difficultés, les DPJ ont présenté cinq histoires d’adolescent, dont celle de Maxime qui a commis ses premiers délits en novembre 2020. Il s’agissait d’un incendie criminel et d’un vol, le tout perpétré à l’encontre de sa famille. Étant donné la gravité des délits, Maxime est détenu immédiatement, jusqu’au moment où le tribunal statue sur sa culpabilité et jusqu’au prononcé de la sentence. Il a reconnu sa culpabilité et en mars 2021, il reçoit une peine de mise sous garde et surveillance de 18 mois, suivie d’une probation de six mois.
« Je suis fils unique. J’ai été adopté en Europe de l’Est à l’âge de trois ans et demi. Ma famille vit à la campagne et est propriétaire d’une ferme, explique Maxime. Je n’ai jamais aimé la vie à la campagne et je suis allergique aux animaux. La relation avec mes parents, particulièrement avec ma mère, est de plus en plus conflictuelle depuis mon entrée au secondaire. Elle tente de m’encadrer et de m’imposer des limites strictes, particulièrement face à mon temps d’écran (cellulaire). Le soir de l’événement, ma mère m’avait encore une fois confisqué mon cellulaire. J’ai voulu passer un message à mes parents, me sentant victime de leur contrôle. »
Son intervenante explique que Maxime arrive difficilement à nommer ses propres émotions; il lui est donc encore plus difficile de décoder les émotions chez autrui. Lors de son passage à l’Apprenti, l’unité où il a vécu pendant près de deux ans, Maxime est devenu bilingue (il était unilingue anglophone) et a obtenu son diplôme d’études secondaires.
À sa sortie de l’Apprenti, en septembre 2022, Maxime a laissé une lettre de 25 pages de remerciements au personnel de l’unité, pour leur soutien et leur accompagnement durant sa mise sous garde. Il y mentionne la capacité des éducateurs et des agents d’intervention de le faire rire, même dans la période la plus difficile de sa vie. Maxime n’a commis aucun autre délit depuis sa sortie.
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