Économique
Retour21 septembre 2020
La Distillerie des Marigots en attente de lancer sa production
©Photo: Joseph St-Denis Boulanger
L'alambic charentais, enfin livré à Caplan, ne peut encore pour le moment être installé.
ÉCONOMIE. Comme plusieurs nouveaux entrepreneurs s’apprêtant à faire le saut, les instigateurs de la Distillerie des Marigots de Caplan ont vu leurs plans être bouleversés par l’arrivée de la pandémie de COVID-19. Composant avec un retard de production de plusieurs mois, ils se croisent désormais les doigts pour être en mesure d’offrir leurs premières bouteilles de gin à temps pour Noël.
Lors des balbutiements de leur projet, le couple formé de Joseph St-Denis Boulanger et de Laurie-Anne Cloutier comptait ouvrir les portes du nouveau bâtiment de style scandinave pour le début de la saison touristique 2020. Les copropriétaires voulaient en effet démarrer la production de gin dès la fin de l’hiver, espérant que les bouteilles à l’effigie de leur compagnie se retrouveraient sur les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ) dès juin. La distillation du whisky devait quant à elle prendre son envol l’automne suivant. Or, la crise sanitaire en a décidé autrement.
L’expédition de l’alambic charentais acquis par les distillateurs a été grandement affectée par la pandémie. Véritable clé de voute des opérations à venir, l’imposant équipement n’a pu quitter l’Europe par la voie maritime qu’avec de nombreuses semaines de retard, le 20 juillet dernier. Les entrepreneurs n’étaient malheureusement pas encore au bout de leur peine lorsqu’il a été livré en sol québécois. « Quand il est finalement arrivé, c’était le jour où les débardeurs du port de Montréal ont voté une grève illimitée. Ça a entraîné un délai supplémentaire de deux à trois semaines », relate Joseph St-Denis Boulanger.
La pièce maîtresse de la production a finalement été livrée par camion à la fin du mois d’août, mais demeure pour l’instant « un bibelot très dispendieux », image M. St-Denis Boulanger. Seul un technicien de France est autorisé à installer l’alambic et à le mettre en fonction; au moment d’écrire ces lignes, la compagnie gaspésienne attendait toujours sa venue.
©Photo: Joseph St-Denis Boulanger
Voici de quoi a désormais l'air la distillerie.
Le contexte de pandémie qui prévaut et une potentielle deuxième vague pourraient d’ailleurs compliquer son séjour en sol canadien. « Ça suscite beaucoup d’angoisse au sein de l’entreprise. On pousse pour que le technicien vienne et on tente de s’assurer qu’il ait tous les papiers nécessaires en main pour passer les douanes. On veut aussi être certains que son séjour ici soit sécuritaire. On ne voudrait pas créer un foyer d’infection, on veut respecter les règles de la santé publique », explique l’entrepreneur.
Les délais s’étirant, le maître distillateur admet toutefois qu’il devient pressant d’officiellement mettre en branle les activités de la distillerie, construite l'an dernier sur une parcelle de terrain qui appartenait jadis aux propriétaires du Camping Ruisselet. « Ça s’en vient vraiment critique, on gruge notre fonds de roulement en ce moment. L’argent sort, mais il ne rentre pas. À un moment donné, je ne pourrai plus l’installer, mon alambic. […] Déjà que c’est généralement long avant de tirer des profits d’une distillerie, six mois de plus (de délai), c’est énorme », déplore le père de famille.
L’ingénieur mécanique de formation dit toutefois avoir profité des retards encourus pour faire de la recherche et du développement en lien avec des aromates qui pourraient être utilisés pour de futurs produits.
Sous le sapin?
M. St-Denis Boulanger a dû revoir à de nombreuses occasions l’échéancier de production de ses spiritueux; conséquemment, il se montre plutôt prudent lorsqu’il est question de faire de nouvelles projections. Si tout se déroule tel qu’espéré, le Caplinot croit néanmoins que son gin pourrait être acheté à temps pour se retrouver sous le sapin de Noël des Québécois. Il est pour le moment impossible de savoir si l’alcool distillé chez nous sera à cette date disponible dans les SAQ ou vendu exclusivement dans les locaux de l’entreprise.
« On a déjà fait approuver notre produit et la SAQ nous a déjà fait une petite commande de 2400 bouteilles. Ça paraît beaucoup, mais vu le nombre de succursales au Québec, ce n’est pas tant que ça. Ça nous permettrait d’être dans quelques-unes », résume-t-il.
Quant au whisky également prévu par l'entreprise, sa production pourrait, si tout se déroule pour le mieux, prendre son envol au début de l’année 2021. Cette eau-de-vie requiert un vieillissement de trois ans; sa mise en marché pourrait donc vraisemblablement débuter en 2024.
Quelques détails à fignoler
À l’heure actuelle, la construction de la distillerie est complètement achevée; ne reste à l’équipe en place, à laquelle s’est jointe une employée pour l’été, qu’à aménager la boutique où pourront éventuellement affluer les clients. Des premiers curieux ont néanmoins déjà pu visiter les lieux cet été. Selon M. St-Denis Boulanger, leurs commentaires ont été fort élogieux.
Mentionnons, par ailleurs, que la Distillerie des Marigots a mené avec succès, au courant de l’été, une campagne de sociofinancement qui lui a permis d’amasser un peu plus de 32 000 $ afin de mettre la touche finale à ses installations. Le projet global s’élève à environ 1,6 million $.