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Retour21 février 2020
Blocus du rail; 15 mises à pied temporaires à la SCFG
©Photo Chaleurs Nouvelles - Roxanne Langlois
Le camp de fortune qu’a érigé la poignée de manifestants était désert lors du passage du Chaleurs Nouvelles, le 19 février dernier.
TRANSPORT. Le blocage ferroviaire qui a cours partout au pays et auquel participent des membres de la communauté autochtone de Listuguj a des échos en région : 15 des 34 employés œuvrant pour la Société de chemin de fer de la Gaspésie (SCFG), qui gère le rail, ont été temporairement remerciés en attendant que la situation se résorbe.
La SCFG a attendu au douzième jour du conflit avant d’opter pour des mises à pied. La nouvelle a été officiellement annoncée ce matin par voie de communiqué ; les employés avaient quant à eux déjà été rencontrés. Le président de la SCFG, Éric Dubé, espérait ne pas être contraint de prendre une telle décision. « C’était devenu inévitable et malheureusement, ça a des impacts sur 15 familles », déplore-t-il.
Les employés touchés sont ceux qui œuvrent aux déplacements sur le rail ainsi qu’à son entretien. « Je n’ai pas d’ouvrage pour ces gens-là. Je n’ai vraiment plus rien à leur faire faire! Je ne peux quand même pas leur demander de s’asseoir dans un bureau et de regarder le plafond », image M. Dubé. Le personnel administratif demeure pour le moment en poste, tout comme les travailleurs chargés de l’entretien des équipements. La situation sera toutefois réévaluée le 28 février prochain si le blocus est toujours en place à ce moment.
Éric Dubé assure que tout le travail qui pouvait se faire en prévision du moment où le rail sera de nouveau accessible a déjà été effectué. De nombreux wagons de ciment produit à Port-Daniel-Gascons ont par exemple été transportés sur la voie de contournement d’Escuminac, à proximité du blocus.
Rappelons que la SCFG a gardé en poste l’entièreté de son équipe depuis le 10 février, moment où des manifestants ont pris d’assaut le chemin de fer à la hauteur du chemin Qospem, à l’intérieur des limites du territoire de la communauté autochtone. Comme d’autres au pays, les militants souhaitent ainsi démontrer leur appui aux chefs héréditaires de Wet'suwet'en, en Colombie-Britannique, qui s’opposent au projet de gazoduc Coastal GasLink prévu sur leurs terres ancestrales.
Près de 1000 employés de VIA Rail, qui a interrompu la majorité de ses services, ont été temporairement mis à pied hier. Deux jours plus tôt, le Canadien National (CN) renvoyait pour sa part 450 de ses travailleurs à la maison.
Le barrage est maintenu
Si la SCFG a cru, au cours des derniers jours, que le camp de fortune érigé sur le rail gaspésien allait être levé, le barrage n'a pas cédé. L’absence de militants pendant quelques heures le 19 février dernier avait en effet laissé croire à ses gestionnaires que la situation touchait à sa fin. Or, les manifestants ont par la suite continué de se relayer jour et nuit au campement; les journalistes n’y ont par ailleurs plus accès.
« Honnêtement, je pensais qu’après une semaine, ce serait réglé. […] Ce que je trouve malheureux, c’est qu’il ne semble pas y avoir de structure pour dialoguer avec les manifestants à partir du gouvernement fédéral », fait valoir Éric Dubé, qui espère qu’une solution rapide sera mise de l’avant. « Il faudra aussi s’assurer que ça ne se reproduise pas, parce que j’ai l’impression qu’on vient d’ouvrir une porte », ajoute-t-il.
Rappelons que la SCFG estime perdre environ 15 000 $ quotidiennement depuis le début du blocus. Si certaines de ses livraisons ont pu être effectuées par camion, par exemple une partie des copeaux de bois de l’usine Temrex de Nouvelle, d’autres ont complètement été annulées.
Les 48 pales d’éolienne produites chez LM Wind Power de Gaspé qui devaient être acheminées à Matapédia pour ensuite transiger sur le rail du CN en direction du Texas, le 15 février dernier, patientent toujours à New Richmond. Rappelons que la SCFG a tenté en vain de négocier avec les manifestants le passage des 72 wagons les transportant, mettant de l’avant des arguments environnementaux.
NDLR : Le Chaleurs Nouvelles n’est pas parvenu à s’entretenir avec les manifestants au courant de la deuxième semaine du blocus.
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