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Retour13 février 2020
Listuguj: la SCFG veut une exception pour des pales d'éoliennes
©Photo Chaleurs Nouvelles - Roxanne Langlois
Trois manifestants étaient présents jeudi matin lors du passage du Chaleurs Nouvelles ; ceux-ci se relaient sur place depuis maintenant quatre jours.
TRANSPORT. Des membres de la communauté autochtone de Listuguj bloquent le rail gaspésien pour une quatrième journée consécutive en appui aux chefs héréditaires de Wet'suwet'en de la Colombie-Britannique, qui s’opposent au projet de gazoduc Coastal GasLink. S’ils n’ont pas l’intention de lever leur camp de fortune tant que des développements n’auront pas lieu dans l’Ouest du pays, la Société de chemin de fer de la Gaspésie (SCFG) espère de son côté pouvoir négocier avec eux un droit de passage exceptionnel.
« On va être ici jusqu’à ce que les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) partent de la communauté de la Colombie-Britannique », lance d’emblée l’un des participants, Austin Caplin. Des arrestations qui ont eu jusqu’ici lieu dans les camps érigés par des opposants, qui bloquaient l’accès au chantier aux travailleurs, ont suscité de vives réactions ainsi que des actions aux quatre coins du pays.
Les manifestants, présents depuis lundi à 11h sur la portion du chemin de fer croisant le chemin Qospem, à l’intérieur des limites de la réserve autochtone, avaient avisé la Société de chemin de fer de la Gaspésie (SCFG), gestionnaire du rail, que leur action ne durerait que 48 heures. Or, des wagons qui devaient transporter les copeaux de bois de l’usine Temrex de Nouvelle et le ciment produit à Port-Daniel-Gascons sont coincés dans la Baie-des-Chaleurs depuis quatre jours.
Négociations et pertes de revenus
Des pourparlers sont en cours entre la SCFG et les citoyens qui participent au blocus ; le président de l’instance, Éric Dubé, a l’espoir que ceux-ci laissent passer 48 pales d’éoliennes disposées sur 72 wagons produites par LM Wind Power de Gaspé. Il est prévu que ce convoi quitte la péninsule samedi en direction des États-Unis.
« Il y a des tractations qui sont en train de se faire. Ce qu’on leur dit, c’est qu’on comprend qu’ils sont là pour protéger l’environnement. On ne leur demande pas de tout laisser passer, mais au moins, si possible, ce convoi-là », résume le gestionnaire.
Les revenus reliés précisément à ce transport sont estimés à environ 100 000 $. Comme ces pales ne peuvent pas être acheminées en sol américain autrement, il ne s’agira néanmoins pas d’une perte réelle pour la SCFG si les négociations achopent. Des inconvénients sont néanmoins à prévoir, note M. Dubé : « Ça va amener des problématiques de logistique si tout ça dure trop longtemps ».
La SCFG estime néanmoins perdre en moyenne 15 000 $ quotidiennement depuis le début du barrage de Listuguj. Le transport par camion a pris la relève hier pour ce qui est des copeaux de bois. Ciment McInnis, qui achemine principalement sa marchandise par la voie maritime, dit néanmoins garder un œil sur la situation actuelle.
Précisons qu'Éric Dubé s'est déplacé à Listuguj mercredi pour aller à la rencontre des manifestatnts. Il était en compagnie de la préfète de la MRC du Rocher Percé, Nadia Minassian.
Des personnes présentes sur le rail jeudi matin lors du passage du Chaleurs Nouvelles ont néanmoins fait savoir leur intention de ne laisser passer aucun train, qu’importe ce qu’il transporte. Selon eux, environ huit personnes ont encore une fois dormi sur place la nuit dernière.
Le rail bloqué ailleurs
La mise en place d’un comité formé par les deux paliers de gouvernement chargé de se pencher sur la situation qui prévaut au pays encourage le président de la SCFG, qui espère voir le conflit se régler rapidement et surtout, pacifiquement. Listuguj ne constitue qu’une pièce du puzzle, puisque des actions du même type ont actuellement lieu ailleurs au Canada.
« Même si c’était débloqué chez nous, nos produits finiraient par être bloqués ailleurs », admet Éric Dubé. Par exemple, le convoi de pales d’éoliennes prévu samedi ne pourrait actuellement atteindre le Texas puisque des manifestants autochtones de la nation Tyendinaga bloquent le rail à l’est de Belleville, en Ontario, depuis une semaine.
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