Passeport pour la Baie-des-Chaleurs
Retour05 février 2020
Shino Muraki : offrir le Japon sur un plateau d’argent
PASSEPORT POUR LA BAIE-DES-CHALEURS
©Photo Roxanne Langlois - Chaleurs Nouvelles
La Caplinoise adore vivre à proximité d’un cours d’eau. Comme le veut la tradition de Passeport pour la Baie-des-Chaleurs, la Japonaise d’origine a eu à choisir un lieu pour s’y faire photographier et a opté pour la plage de Caplan, qu’elle fréquente notamment avec sa famille durant l’été.
Si Shino Muraki réside à Caplan depuis bientôt 14 ans, ses origines font toujours partie prenante de son quotidien. La Japonaise de 43 ans, qui a pris pays en même temps que mari, s’active à créer des ponts entre sa culture et sa Gaspésie d’adoption en partageant à ses concitoyens, par le biais d’ateliers, deux choses qu’elle apprécie particulièrement de son pays natal : l’origami et la gastronomie.
La vie en Occident de la dame originaire de Ninomiya, une municipalité de quelque 40 000 âmes située en banlieue de Tokyo, débute aux États-Unis. Après avoir travaillé pendant un an et demi à San Francisco, elle part seule en Amérique du Sud pour un périple de plusieurs mois.
C’est en plein désert, à proximité des ruines de Chan Chan, au Pérou, qu’elle rencontre en 2005 le Gaspésien qui deviendra son mari deux ans plus tard ; le couple, qui communique d’abord en espagnol, voyagera pendant quelques mois avant de finalement mettre le cap sur le Québec. « Quand il m’a invitée à venir au Canada, j’ai dit oui », résume-t-elle, tout sourire.
La voyageuse atterrit finalement en sol canadien en mai 2006 dans un chalet alimenté à l’énergie solaire situé dans l’arrière-pays de Caplan. « Je voyais plus de chevreuils que d’êtres humains », lance-t-elle en riant. Ce lieu, immensément significatif pour elle, est également celui où elle apprendra la langue de Molière.
Après une cohabitation d’environ six mois, son conjoint prend l’initiative de ne s’adresser à elle qu’exclusivement en français afin de l’aider à apprendre intensivement ce qui deviendra son quatrième langage. « J’ai pleuré! Ce n’était pas facile et je ne comprenais vraiment rien!, admet-elle avant de s’esclaffer. Maintenant, je suis très reconnaissante qu’il ait fait ça pour moi ».
Ces apprentissages lui permettent notamment, aujourd’hui, de gagner sa vie dans la région qui est devenue la sienne et de créer plus facilement des liens avec ceux et celles qui l’entourent. Le rythme de vie moins effréné qu’au Japon, le sentiment d’appartenir à une communauté tissée serrée et la proximité des gens lui plaisent particulièrement chez nous. « Je suis quelqu’un, ici », glisse cette grande amante de la nature, qui estime s’être très bien intégrée.
Celle qui est citoyenne canadienne depuis environ cinq ans est d’ailleurs heureuse d’avoir vu naître ses deux enfants, Maya (dix ans) et Louka (sept ans), sur la péninsule. « Je suis retournée au Japon l’année passée avec ma famille et ça m’a confirmé que ma place était en Gaspésie », confie celle qui a toujours su qu’elle ne passerait pas sa vie dans son pays natal.
Shino parle toutefois encore sa langue maternelle avec son garçon et sa fille ainsi qu’avec une autre Japonaise qui réside elle aussi à Caplan et qu’elle croise à l’occasion. Leurs échanges sont d’ailleurs bien loin de passer inaperçus dans les lieux publics. « Tout le monde nous regarde! », lance la mère de famille en ricanant.
Goûter au Japon
oilà déjà plusieurs années que Shino Muraki propose des ateliers d’origami aux Gaspésiens ; des groupes privés, des organismes, des entreprises et même des municipalités l’embauchent pour tout connaître de l’art du pliage de papiers. C’est en souhaitant divertir un membre de sa belle-famille au moment de son hospitalisation que le déclic s’est d’abord opéré quant à ce projet. « C’était un de mes jeux d’enfants. En fait, au Japon, tous les enfants passent par là », précise celle qui œuvrait, dans son pays, dans le domaine du commerce international pour une compagnie spécialisée dans la confection de peluches.
Des ateliers de cuisine traditionnelle se sont plus tard ajoutés à son offre : à l’aide d’aliments produits localement, Shino enseigne aux participants la préparation de soupes, sautés, mijotés, salades et sushis typiquement japonais. À l’issue de la séance, les apprentis cuisiniers peuvent évidemment déguster les mets concoctés en sa compagnie.
La Japonaise à la bonne humeur contagieuse est très fière de ses activités professionnelles, qui lui permettent de gagner sa vie tout en partageant son savoir avec de nouvelles personnes. « Les gens aiment tout le temps ça. Ils sont curieux de découvrir de nouvelles recettes et de nouvelles saveurs », se réjouit celle qui effectue également, depuis deux ans, du remplacement dans les écoles de la Commission scolaire René-Lévesque.
Ceux et celles désirant en savoir plus sur les ateliers offerts par Shino Muraki peuvent consulter les pages Facebook « L'origami pour tous les âges » et « Atelier de cuisine japonaise ».
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